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Toute organisation humaine ou économique a la propension à vouloir s’agrandir, dans un premier temps pour assurer sa survie, puis par la suite son hégémonie. Avec la centralisation des décisions, la dépendance des provinces s’accroit, alors que s’installe une très lourde  bureaucratie fédérale coûtant de plus en plus cher, tout en étant inefficace. Ne cessant de grossir, l’organisation tasse de plus en plus ses concurrents jusqu’à avoir le contrôle quasi-total. C’est à ce moment, où elle croit être au sommet de sa gloire, qu’elle devient la plus fragile.

Autant dans la nature que chez les humains, on a pu assister à l’effondrement d’espèces ou de systèmes qu’on croyait indestructibles. C’est ainsi que dans la nature,  il a suffi de l’apparition d’une petite maladie comme par exemple la maladie hollandaise de l’orme, pour abattre un tel géant au pied d’argile. On a vu le même phénomène avec la chute de l’Empire romain, qui avait réussi à contrôler l’Europe et une partie de l’Afrique. Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas parce que c’est gros que c’est automatiquement solide et durable.

Peut-on penser que le gouvernement fédéral est sur le point d’imploser? Nous n’en sommes pas tout à fait rendus là, mais on s’en approche dangereusement. Plusieurs signes avant-coureurs sont déjà très visibles. Malgré le fait que la fonction publique fédérale compte déjà plus de 335 000 employés et qu’elle grossit, bon an, mal an, de quelques dizaines de milliers d’employés chaque année, elle est incapable de gérer correctement les différentes fonctions sous sa juridiction. Que l’on pense aux dossiers des passeports, de l’assurance chômage ou de l’immigration, l’inefficacité est de mise. Si l’on ajoute à cela l’incapacité de payer ses employés correctement, ce qui est somme toute une tâche assez rudimentaire, on peut conclure que ça coûte cher, mais que ça ne fonctionne pas. A-t-on besoin de 12 000 fonctionnaires au ministère de la Santé au fédéral, alors qu’il s’agit d’une responsabilité provinciale?

D’autre part, ce n’est pas que récemment qu’on a pu constater la mauvaise gestion du fédéral. Ainsi, si l’on retourne dans l’histoire du Canada, la liste des erreurs, comme le démantèlement des avions Arrows, les scandales lors de la construction du chemin de fer, le scandale des commandites, celui des pensionnats autochtones, celui de la crise d’octobre, etc.,  est très longue. La devise du Canada devrait être : « D’un gâchis à l’autre ».

Si un jour, je devais faire un voyage dans l’espace, dans une fusée construite et gérée par le fédéral, il n’y a aucune chance que j’embarque, quand bien même la vie sur terre serait menacée. Même si la fusée réussissait à décoller, elle se perdrait dans l’espace.

Mais il y a encore pire, non seulement le gouvernement s’avère incapable de bien  gérer les gigantesques budgets (462 milliards en 2022) qu’on lui confie, il refuse de prendre des décisions par lui-même. C’est ainsi qu’il confie aux juges de la Cour suprême de décider de nos droits et libertés et qu’il demande à des multinationales grassement payées, comme McKinsey, de penser pour lui.

Dans Le Devoir du 25 janvier 2023, Jean-François Lisée nous raconte l’histoire de cette multinationale écrite par deux journalistes du New York Times : Walt Bogdanich et Michael Forsythe. McKinsey serait, selon eux, le cabinet-conseil le plus influent au monde. Cette firme aurait contribué à ce que les salaires des PDG des plus grandes entreprises soient passés de 20 fois le salaire moyen de leurs employés, à plus de 350 fois. C’est également sous ses conseils que bon nombre d’entreprises ont choisi de délocaliser leurs entreprises en Chine, tout comme elle a contribué à la crise financière de 2008, en suggérant de mauvais investissements. Cette même firme a même aidé les Saoudiens à traquer les dissidents. Comme on dit, on peut dormir tranquille, le capitalisme sauvage n’a rien à craindre avec de si précieux conseillers.

Considérant que le gouvernement fédéral a fait la démonstration à maintes reprises de son incapacité à gérer. Il est temps qu’il procède à un appel d’offres autant au niveau des provinces que des municipalités, en ce qui regarde des responsabilités qu’il s’avère incapable de bien gérer. Une aussi grosse et coûteuse structure ne peut s’améliorer d’elle-même. Il faut l’alléger, en confiant aux provinces et aux municipalités des responsabilités qu’elles seront mieux capables de gérer correctement. Quand je pense à Justin Trudeau qui avait lancé, il y a quelques années,  en grande pompe, au monde entier que : « le Canada était de retour sur la scène internationale », et que je voyais récemment la ministre de la Défense nationale annoncer que le Canada allait fournir 4 chars d’assaut, puis en ajouter 4 autres pour ne pas perdre la face, j’ai senti que l’on était dans un pays bien petit, alors qu’il coûte si cher. Si le gouvernement fédéral se concentrait sur les responsabilités qui doivent lui revenir de toute évidence, on aurait peut-être l’air moins « cheap » sur la scène internationale. Le rôle du gouvernement fédéral n’est pas de tout vouloir contrôler, mais bien d’accepter qu’il n’est pas le plus efficace dans la gestion de plusieurs responsabilités.

Denis Trottier